vendredi 13 novembre 2015

LA COP21: ALLONS-NOUS VERS UNE ÉNIÈME PARODIE DES GRANDES PUISSANCES SUR LES QUESTIONS DE CHANGEMENT CLIMATIQUE ?

Au lendemain des élections couplées du Burkina Faso, pendant que nous serons dans l'attente du nom de notre prochain président, le monde entier aura le regard tourné vers la France. Eh oui! Rfi, n'aura pas que notre élection à couvrir. Ce jour 30 novembre 2015, s'ouvrira, à Paris, la 21e conférence des parties (COP21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Au regard des enjeux d'une telle rencontre, une question me titille l'esprit. Cette COP est-elle à mesure de répondre aux espoirs qu'on lui porte?

Depuis 1972, avec la première assise internationale sur l'environnement et le climat à Stockholm, les questions climatiques mondiales deviennent des préoccupations internationales. Les différentes parties prenantes de cette conférence se réunissent annuellement depuis 1997 pour décider des mesures à mettre en place pour limiter le réchauffement climatique à seulement 2 °C.

L’humanité réunie autour de cette convention reconnaît donc, depuis 1972, l'existence d'un changement climatique d'origine humaine. La COP, dans une vision équitable, donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène. La logique du « grand pollueur, grand réparateur ».

L'objectif de la conférence de Paris est « d'aboutir, pour la première fois, à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et d'impulser/d'accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone ». Projet chimérique ? Suis-je tenté de me demander. Cette question reste posée et justifiée. En effet, même si la COP 21 impose à chaque pays de « préparer et publier en amont de la COP21 une contribution qui présente un plan de travail concret à même de permettre à l’État concerné de faire sa part au sein de l’effort universel », des inquiétudes demeurent.

D’abord, face à la montée en puissance des enjeux et compétitions économiques entre les grandes puissances, la volonté des pays émergents à stabiliser leurs économies montantes, il y a le risque que cette COP de l'espoir soit une énième parodie de ces grandes puissances, qui préfèrent toujours réparer, voir indemniser les populations affectées, que prévenir le réchauffement climatique en jouant sur leurs économies, certes brillantes, mais en souffrance. Déjà, la COP21 doit amener les pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, via le Fonds vert pour le climat pour aider les pays en voie de développement à lutter contre le dérèglement climatique. Cela peut bien être une brèche pour les grandes puissances pour jouer aux « irresponsables » bailleurs de fonds.

Un autre point d’inquiétude est que l'accord censé entrer en vigueur en 2020, devra à la fois traiter de l'atténuation — la baisse des émissions de gaz à effet de serre — et de l'adaptation des sociétés aux dérèglements climatiques existants et à venir. Autrement dit, il s'agira de trouver un équilibre entre les besoins et les capacités de chaque pays. Ce qui ramènera sur la table l'éternel débat sur la répartition de l'effort entre les émetteurs historiques (USA, France, Angleterre, Allemagne, etc. et les économies émergentes (BRICS). La COP21 aura la lourde tâche d'aborder ce point sensible dans les négociations. Comment négocier une diminution équitable et non égalitaire de la production des gaz à effets de serre entre pays dits super-industrialisés et les nations émergentes ?

Loin de m'enfermer dans ce schéma binaire de la responsabilité des Etats pollueurs, je trouve que la question du changement climatique relève plutôt de la morale. Aucune rencontre ne saurait contraindre des pays qui n'ont pas la même morale sur l'environnement à adopter des principes universels qui vont les gouverner. Je suis pessimiste, car la solidarité face au changement climatique dépasse les notions apprises dans les plus grandes écoles de diplomatie et relations internationales.
Le problème il est moral et la solution ne peut qu’être morale. Si une solution devrait venir de simples accords diplomatiques, sans cette dose de morale qui redéfinit les contours de la solidarité internationale, alors il faut s'attendre à des non-respects des clauses pour des questions économiques futures. C’est-à-dire la manifestation de l’hypocrisie internationale.

J'évoquais dans un de mes écrits la nécessité de redéfinir les contours de la communauté internationale qui est justement en passe —s’il elle ne l’est déjà— d’être hypocrite(http://chroniquepolitiqueetsociete.blogspot.com/2015/10/trajectoire-actuelle-de-la-communaute.html). L’humanité doit d’abord parvenir à créer une solidarité vraie entre les peuples et les Etats. C’est la condition pour aller vers un vivre ensemble qui intègre des valeurs humaines et une morale partagée et assumée ensemble.

Une fois de plus, je persiste: seule une solidarité internationale, basée sur une morale et des valeurs qui transcendent les ego des grandes puissances pourrait apporter secours à notre monde engagé dans l’autodestruction depuis la période de l'industrialisation. On est pourtant loin d’une telle réalité (solidarité internationale non hypocrite) car c’est l’économie qui gouverne le monde. A moins qu’il n’y ait un changement brusque de la trajectoire actuelle du système économique mondial. Ce système irresponsable qui détruit tout au nom d’un présent meilleur qui passe sans être meilleur. Ce miracle est-il pour demain ?

Rodrigue Hilou

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