Au lendemain des
élections couplées du Burkina Faso, pendant que nous serons dans l'attente du
nom de notre prochain président, le monde entier aura le regard tourné vers la
France. Eh oui! Rfi, n'aura pas que notre élection à couvrir. Ce jour 30
novembre 2015, s'ouvrira, à Paris, la 21e conférence des parties (COP21) à la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Au
regard des enjeux d'une telle rencontre, une question me titille l'esprit. Cette COP est-elle à mesure de répondre aux espoirs qu'on lui porte?
Depuis 1972, avec la
première assise internationale sur l'environnement et le climat à Stockholm,
les questions climatiques mondiales deviennent des préoccupations
internationales. Les différentes parties prenantes de cette conférence se
réunissent annuellement depuis 1997 pour décider des mesures à mettre en place
pour limiter le réchauffement climatique à seulement 2 °C.
L’humanité réunie autour
de cette convention reconnaît donc, depuis 1972, l'existence d'un changement
climatique d'origine humaine. La COP, dans une vision équitable, donne aux pays
industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène.
La logique du « grand pollueur, grand réparateur ».
L'objectif de la
conférence de Paris est « d'aboutir, pour la première fois, à un accord universel
et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement
climatique et d'impulser/d'accélérer la transition vers des sociétés et des
économies résilientes et sobres en carbone ». Projet chimérique ? Suis-je tenté de me demander. Cette
question reste posée et justifiée. En effet, même si la COP 21 impose à chaque
pays de « préparer et publier en amont de la COP21 une contribution qui
présente un plan de travail concret à même de permettre à l’État concerné de
faire sa part au sein de l’effort universel », des inquiétudes demeurent.
D’abord, face à la
montée en puissance des enjeux et compétitions économiques entre les grandes
puissances, la volonté des pays émergents à stabiliser leurs économies
montantes, il y a le risque que cette COP de l'espoir soit une énième parodie de
ces grandes puissances, qui préfèrent toujours réparer, voir indemniser les
populations affectées, que prévenir le réchauffement climatique en jouant sur
leurs économies, certes brillantes, mais en souffrance.
Déjà, la COP21 doit amener les pays développés à mobiliser 100 milliards de
dollars par an à partir de 2020, via le Fonds vert pour le climat pour aider
les pays en voie de développement à lutter contre le dérèglement climatique.
Cela peut bien être une brèche pour les grandes puissances pour jouer aux « irresponsables » bailleurs de fonds.
Un autre point d’inquiétude
est que l'accord censé entrer en vigueur en 2020, devra à la fois traiter de
l'atténuation — la baisse des émissions de gaz à effet de serre — et de
l'adaptation des sociétés aux dérèglements climatiques existants et à venir.
Autrement dit, il s'agira de trouver un équilibre entre les besoins et les
capacités de chaque pays. Ce qui ramènera sur la table l'éternel débat sur la
répartition de l'effort entre les émetteurs historiques (USA, France,
Angleterre, Allemagne, etc. et les économies émergentes (BRICS). La COP21 aura
la lourde tâche d'aborder ce point sensible dans les négociations. Comment
négocier une diminution équitable et non égalitaire de la production des gaz à
effets de serre entre pays dits super-industrialisés et les nations émergentes ?
Loin de m'enfermer dans ce schéma
binaire de la responsabilité des Etats pollueurs, je trouve que la question du changement
climatique relève plutôt de la morale. Aucune rencontre ne saurait contraindre
des pays qui n'ont pas la même morale sur l'environnement à adopter des
principes universels qui vont les gouverner. Je suis pessimiste, car la solidarité
face au changement climatique dépasse les notions apprises dans les plus
grandes écoles de diplomatie et relations internationales.
Le problème il est moral
et la solution ne peut qu’être morale. Si une solution devrait venir de simples
accords diplomatiques, sans cette dose de morale qui redéfinit les contours de
la solidarité internationale, alors il faut s'attendre à des non-respects des
clauses pour des questions économiques futures. C’est-à-dire la manifestation
de l’hypocrisie internationale.
J'évoquais dans un de
mes écrits la nécessité de redéfinir les contours de la communauté
internationale qui est justement en passe —s’il elle ne l’est déjà— d’être
hypocrite(http://chroniquepolitiqueetsociete.blogspot.com/2015/10/trajectoire-actuelle-de-la-communaute.html).
L’humanité doit d’abord parvenir à créer une solidarité vraie entre les peuples
et les Etats. C’est la condition pour aller vers un vivre ensemble qui intègre
des valeurs humaines et une morale partagée et assumée ensemble.
Une fois de plus, je
persiste: seule une solidarité internationale, basée sur une
morale et des valeurs qui transcendent les ego des grandes puissances pourrait
apporter secours à notre monde engagé dans l’autodestruction depuis la période de l'industrialisation. On est pourtant
loin d’une telle réalité (solidarité internationale non hypocrite) car c’est l’économie qui
gouverne le monde. A moins qu’il n’y ait un changement brusque de la
trajectoire actuelle du système économique mondial. Ce système irresponsable qui
détruit tout au nom d’un présent meilleur qui passe sans être meilleur. Ce miracle est-il pour
demain ?
Rodrigue Hilou
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