vendredi 23 octobre 2015

TRAJECTOIRE ACTUELLE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE: DE LA NÉCESSITE DE ROMPRE AVEC L’HYPOCRISIE DÉGUISÉE !

Redéfinir les contours du concept de "communauté internationale"
De nos jours, on fait souvent appel à la « communauté internationale », on s'insurge contre des actes portant atteinte aux intérêts de celle-ci. On parle ou agit « au nom de cette même « communauté internationale »... mais on ne prend jamais le temps de définir cette communauté internationale et de lui poser les vraies questions. Qui la compose ? Que peut-elle faire ? Que ne peut-elle pas faire ? Où et comment peut-elle agir ? Autant de questions qui restent suspendues quand on sort des sentiers battus de la réflexion politico-juridique sur cette notion de « Communauté internationale ».  Mieux, on voit une communauté internationale très indécise devant les douleurs de l’humanité et noyée dans une marre d’hypocrisie béate.

La communauté internationale est actuellement dans les mains des Etats et non des peuples. Une communauté des Etats ne peut suffisamment se pencher sur les questions visant l’amélioration des rapports entre les peuples et leurs conditions de vie. Il faut impérativement que la communauté internationale ait un visage communautaire et non communautariste. Communautaire, en ce sens qu’elle doit se baser sur la solidarité entre les peuples et la défense de valeurs liées à la notion de communauté. 

Je m’explique : la communauté internationale qui n’a ni frontière ni localisation devrait être la voix qui parle au nom des populations du monde. Pour ce faire, il faut que les instances décisionnelles se démarquent des puissances occidentales (une ambition peut-être complexe mais pas démesurée). Il faut mettre fin à l’hypocrisie internationale déguisée et oser s’assumer devant l’histoire pour que les générations futures puissent voir les traces d’une humanité unie contre la tyrannie, l’injustice, la pauvreté, l’oppression et la dictature de la pensée unique.

Pour une moralisation de la communauté internationale


Souvent interpellée et parfois accusée, la communauté internationale a fini par s'imposer comme une référence en matière de gestion de crises et de définition de règles de conduites dans les Etats du monde. Depuis un certain temps on observe une régionalisation (exemple de la CEDEAO) et une continentalisation (Union Africaine ou Union européenne) de la communauté internationale. Cette expansion idéologique du concept n’a jusque-là eu d’égale que son utilisation erronée dans les discours politiques. Elle est et demeura, pour ainsi dire, un concept chimérique amenant les hommes à croire à une solidarité internationale qui a de la peine à se légitimer.

La communauté internationale semble, de nos jours, n'être qu'un vieux bâtiment en ruines. Si son émergence a suscité beaucoup d’espoirs, force est de reconnaître qu’elle est devenue une grande danseuse de rythmes macabres et désespérants joués par les dirigeants des pays dits «grandes puissances » et leurs valets des pays dits «en voie de développement». Actuellement, il y a plus qu’urgence à redéfinir les contours de ce concept pour une meilleure prise en charge des problèmes du monde par une communauté internationale plus solidaire et morale.

Redéfinir urgemment les contours du concept


La communauté internationale a pour mission principale l’organisation de la solidarité internationale en se basant sur des règles connues et acceptées par tous. Mais aujourd’hui, avec les multiples crises que traverse le monde, cette communauté dite internationale voit ses fondations s’ébranler et au risque de s’écrouler. Les cris de désespoir des citoyens du monde à l’endroit d’une communauté internationale « fabuleuse » sont en train de laisser place à des cris dédaigneux et généralisés en direction d’une communauté compromise politiquement et religieusement. La communauté internationale semble n’exister que lorsque le nouvel ordre mondial est inquiété. Quel mépris !

Pour rappel, c'est après la première guerre mondiale que le nouveau concept de «Communauté internationale» a vu le jour avec la mise en place de la Société des Nations (SDN). Ce concept a des contours politiques et juridiques aussi flous que ses limites réelles. C’est une expression politique désignant de façon imprécise un ensemble d'États influents en matière de politique internationale. Ainsi, il peut désigner les États membres de l'Organisation des Nations unies, c'est-à-dire tous les pays représentés à l'Assemblée générale, ou les seuls États membres du Conseil de sécurité des Nations unies  et plus précisément, les cinq membres permanents (Chine, USA, France, Angleterre et Russie).

Si on ne peut se passer d’une solidarité internationale pour promouvoir un développement humain équitable et durable, alors n’est-on pas en droit de se demander quelle solidarité internationale pour quel développement ?

Rodrigue HILOU
Sociologue