Champ de mais dans l'Ouest du Burkina Faso/Crédit photo: Rodrigue Hilou |
Aujourd’hui,
le milieu rural africain fait face à d’énormes difficultés. Des changements
climatiques à la baisse de la productivité, en passant par la pauvreté et les
faibles capacités technique et matérielle, les ménages ruraux semblent être
dans l’impasse. L'agriculture familiale qui constitue le garant de notre
souveraineté alimentaire voit ses forces s’amenuiser. Un des défis majeurs du
monde rural de nos jours est de se nourrir lui-même d'abord.
Pourtant,
de nombreuses études démontrent qu'il existe un véritable potentiel de
production agricole en Afrique de l’Ouest insoupçonné et peu ou mal exploité.
Le levier pour que les paysans puissent valoriser ce potentiel est l’accès à
des moyens de production et à de nouvelles technologies adaptées (qui ne
doivent pas être forcément importées). C’est sur de tels chantiers que devaient
s’atteler nos politiques depuis l'accession à l'indépendance.
Seulement
dans un besoin de paraître comme l'occident nos maigres budgets sont absorbés
par des dépenses superflues pour le continent. Les politiques agricoles
développées en Afrique de l'Ouest francophone n'ont égale que leur inadéquation
manifeste avec l'urgence du terrain. Le rural n'a pas besoin d'une politique
d'assistance mais d'une politique d’accompagnement marqué par les
investissements publics et privés. Ce n'est pas un fait du hasard si le boom
agricole a précédé l'industrialisation en Europe.
Investir
dans le rural pour le dynamiser et accroître la production agricole, c'est
investir pour l'avenir de nos Etats majoritairement ruraux. Si nos pays sont
qualifiés de pays en "voie" de développement, et que nous voulons
assumer ce statut, alors il faut également reconnaître que cette
"voie" c'est le rural.
Si nous
n'acceptons pas notre réalité, qui est que notre développement doit passer
nécessairement par la surproduction agricole, alors nous sommes mal partis. C’est
seulement une surproduction agricole qui pourra booster le secteur industriel,
surtout celui de la transformation. Par ricochet on verra s’accroître la
demande de main d'œuvre et du même coup une réduction du chômage des jeunes et
des femmes qui n’aura plus un visage rural.
Pour se
développer on ne caracole pas. Quand on est sur la bonne voie cela se sent. Les
Cas du Japon et de la Chine sont des exemples vrais qui sont les plus proches
dans l'histoire. L'Afrique doit se convaincre d'elle même qu'elle "force" son développement. Ce sentiment de
"forcer" est normal car on est sur les traces de l'occident, une voie
qui n'est pas la nôtre. On navigue à vue, on essaie et réessaie tout et dans
tous les sens. Il est temps de faire un arrêt salvateur et de se poser les
bonnes questions pour repenser le développement.
L'urgence
de repenser notre développement se justifier par la maligne confusion qui veut
que "se développer" soit "s'occidentaliser". C'est là
l'erreur. Nous sommes sur un continent propices à l'enracinement d'une économie
basé sur le secteur rural (agriculture, élevage, artisanat, pêche, etc.) et il
faut en profiter. Avec la fertilité de nos terres et l'ingéniosité de nos
populations ont peut dominer l'économie mondiale. Ce qui manque c'est le courage
de s'assumer devant l'histoire comme certains peuples l'ont fait.
L'économie
rurale est souffrante mais ses potentialités, elles, n'ont point diminué. Il est
temps d'apporter les vraies réponses au mal du milieu rural dans son ensemble
en le regardant comme l'espace d'une économie complexe pouvant être -et c'est sûr- le moteur de notre développement, le vrai.
Je te félicite pour cette belle analyse
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