mardi 6 octobre 2015

LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE: ET SI ON INVESTISSAIT DANS LE RURAL?

Champ de mais dans l'Ouest du Burkina Faso/Crédit photo: Rodrigue Hilou
Les programmes d’ajustement structurels mis en place en Afrique sous l'égide du FMI et de la Banque Mondiale depuis le début des années quatre-vingt ont négligé le rôle central des petites agricultures paysannes africaines (Daniele Clavel et all, 2008).

Aujourd’hui, le milieu rural africain fait face à d’énormes difficultés. Des changements climatiques à la baisse de la productivité, en passant par la pauvreté et les faibles capacités technique et matérielle, les ménages ruraux semblent être dans l’impasse. L'agriculture familiale qui constitue le garant de notre souveraineté alimentaire voit ses forces s’amenuiser. Un des défis majeurs du monde rural de nos jours est de se nourrir lui-même d'abord.

Pourtant, de nombreuses études démontrent qu'il existe un véritable potentiel de production agricole en Afrique de l’Ouest insoupçonné et peu ou mal exploité. Le levier pour que les paysans puissent valoriser ce potentiel est l’accès à des moyens de production et à de nouvelles technologies adaptées (qui ne doivent pas être forcément importées). C’est sur de tels chantiers que devaient s’atteler nos politiques depuis l'accession à l'indépendance.

Seulement dans un besoin de paraître comme l'occident nos maigres budgets sont absorbés par des dépenses superflues pour le continent. Les politiques agricoles développées en Afrique de l'Ouest francophone n'ont égale que leur inadéquation manifeste avec l'urgence du terrain. Le rural n'a pas besoin d'une politique d'assistance mais d'une politique d’accompagnement marqué par les investissements publics et privés. Ce n'est pas un fait du hasard si le boom agricole a précédé l'industrialisation en Europe.

Investir dans le rural pour le dynamiser et accroître la production agricole, c'est investir pour l'avenir de nos Etats majoritairement ruraux. Si nos pays sont qualifiés de pays en "voie" de développement, et que nous voulons assumer ce statut, alors il faut également reconnaître que cette "voie" c'est le rural.

Si nous n'acceptons pas notre réalité, qui est que notre développement doit passer nécessairement par la surproduction agricole, alors nous sommes mal partis. C’est seulement une surproduction agricole qui pourra booster le secteur industriel, surtout celui de la transformation. Par ricochet on verra s’accroître la demande de main d'œuvre et du même coup une réduction du chômage des jeunes et des femmes qui n’aura plus un visage rural.

Pour se développer on ne caracole pas. Quand on est sur la bonne voie cela se sent. Les Cas du Japon et de la Chine sont des exemples vrais qui sont les plus proches dans l'histoire. L'Afrique doit se convaincre d'elle même qu'elle "force"  son développement. Ce sentiment de "forcer" est normal car on est sur les traces de l'occident, une voie qui n'est pas la nôtre. On navigue à vue, on essaie et réessaie tout et dans tous les sens. Il est temps de faire un arrêt salvateur et de se poser les bonnes questions pour repenser le développement.

L'urgence de repenser notre développement se justifier par la maligne confusion qui veut que "se développer" soit "s'occidentaliser". C'est là l'erreur. Nous sommes sur un continent propices à l'enracinement d'une économie basé sur le secteur rural (agriculture, élevage, artisanat, pêche, etc.) et il faut en profiter. Avec la fertilité de nos terres et l'ingéniosité de nos populations ont peut dominer l'économie mondiale. Ce qui manque c'est le courage de s'assumer devant l'histoire comme certains peuples l'ont fait.

L'économie rurale est souffrante mais ses potentialités, elles, n'ont point diminué. Il est temps d'apporter les vraies réponses au mal du milieu rural dans son ensemble en le regardant comme l'espace d'une économie complexe pouvant être -et c'est sûr- le moteur de notre développement, le vrai.

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