Redéfinir les contours du concept de "communauté internationale" |
De nos jours, on
fait souvent appel à la « communauté internationale », on s'insurge contre des
actes portant atteinte aux intérêts de celle-ci. On parle ou agit « au nom de cette même « communauté internationale »... mais on ne prend jamais le temps de définir cette communauté
internationale et de lui poser les vraies questions. Qui la compose ? Que peut-elle
faire ? Que ne peut-elle pas faire ? Où et comment peut-elle
agir ? Autant de questions qui restent suspendues quand on sort des sentiers
battus de la réflexion politico-juridique sur cette notion de « Communauté
internationale ». Mieux, on voit une
communauté internationale très indécise devant les douleurs de l’humanité et noyée
dans une marre d’hypocrisie béate.
La communauté
internationale est actuellement dans les mains des Etats et non des peuples.
Une communauté des Etats ne peut suffisamment se pencher sur les questions
visant l’amélioration des rapports entre les peuples et leurs conditions de
vie. Il faut impérativement que la communauté internationale ait un visage
communautaire et non communautariste. Communautaire, en ce sens qu’elle doit se
baser sur la solidarité entre les peuples et la défense de valeurs liées à la
notion de communauté.
Je m’explique : la communauté internationale qui n’a
ni frontière ni localisation devrait être la voix qui parle au nom des populations
du monde. Pour ce faire, il faut que les instances décisionnelles se démarquent
des puissances occidentales (une ambition peut-être complexe mais pas démesurée). Il faut mettre fin à l’hypocrisie internationale déguisée et oser s’assumer devant
l’histoire pour que les générations futures puissent voir les traces d’une humanité
unie contre la tyrannie, l’injustice, la pauvreté, l’oppression et la dictature
de la pensée unique.
Pour une moralisation de la communauté internationale
Souvent interpellée
et parfois accusée, la communauté internationale a fini par s'imposer comme une
référence en matière de gestion de crises et de définition de règles de
conduites dans les Etats du monde. Depuis un certain temps on observe une
régionalisation (exemple de la CEDEAO) et une continentalisation (Union Africaine
ou Union européenne) de la communauté internationale. Cette expansion idéologique
du concept n’a jusque-là eu d’égale que son utilisation erronée dans les
discours politiques. Elle est et demeura, pour ainsi dire, un concept
chimérique amenant les hommes à croire à une solidarité internationale qui a de
la peine à se légitimer.
La communauté
internationale semble, de nos jours, n'être qu'un vieux bâtiment en ruines. Si
son émergence a suscité beaucoup d’espoirs, force est de reconnaître qu’elle
est devenue une grande danseuse de rythmes macabres et désespérants joués par
les dirigeants des pays dits «grandes puissances » et leurs valets des
pays dits «en voie de développement». Actuellement, il y a plus qu’urgence à
redéfinir les contours de ce concept pour une meilleure prise en charge des
problèmes du monde par une communauté internationale plus solidaire et morale.
Redéfinir urgemment les contours du concept
La communauté
internationale a pour mission principale l’organisation de la solidarité
internationale en se basant sur des règles connues et acceptées par tous. Mais
aujourd’hui, avec les multiples crises que traverse le monde, cette communauté dite
internationale voit ses fondations s’ébranler et au risque de s’écrouler. Les cris de désespoir des citoyens du monde
à l’endroit d’une communauté internationale « fabuleuse » sont en
train de laisser place à des cris dédaigneux
et généralisés en direction d’une communauté compromise politiquement et
religieusement. La communauté internationale semble n’exister que lorsque le
nouvel ordre mondial est inquiété. Quel mépris !
Pour rappel, c'est
après la première guerre mondiale que le nouveau concept de «Communauté
internationale» a vu le jour avec la mise en place de la Société des Nations (SDN).
Ce concept a des contours politiques et juridiques aussi flous que ses limites
réelles. C’est une expression politique désignant de façon imprécise un
ensemble d'États influents en matière de politique internationale. Ainsi, il
peut désigner les États membres de l'Organisation des Nations unies, c'est-à-dire
tous les pays représentés à l'Assemblée générale, ou les seuls États membres du
Conseil de sécurité des Nations unies et
plus précisément, les cinq membres permanents (Chine, USA, France, Angleterre
et Russie).
Si on ne peut se
passer d’une solidarité internationale pour promouvoir un développement humain
équitable et durable, alors n’est-on pas en droit de se demander quelle
solidarité internationale pour quel développement ?
Rodrigue HILOU
Sociologue
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