Le mercredi 16 septembre 2014, dans la matinée, seuls
le RSP et ses acolytes politiques savaient ce qui allait secouer le Burkina
Faso dans l’après-midi. Tous les Burkinabé avaient les yeux rivés sur le
lancement prochain de la campagne politique pour la présidentielle du 11
octobre 2015. Malheureusement, le processus électoral va subitement connaitre
un coup d’arrêt forcé.
Emprunter un chemin
sans issue
Le mercredi est le jour traditionnel du Conseil des
ministres hebdomadaire du Burkina Faso. Tout se déroulait normalement jusqu’aux
environs de 14 heures, heure à laquelle les éléments du RSP ont investi la
salle de Conseil des ministres de Kosyam. Ils prennent en otage les sieurs
Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida, Augustin Loada et Réné Bagoro,
respectivement président du Faso, Premier ministre, ministre de la Fonction
publique du Travail et de la Sécurité sociale. Très rapidement, l'information
est distillée : le gouvernement de la Transition est pris en otage par le
RSP. « Est-ce une énième expression d'humeur de ce régiment tant méprisé
par tous ? » ou « est-ce un Coup d'État » ? Voici les
deux questions qui traversaient tous les esprits. Hélas, pas de temps pour
chercher réponse, c'est l'appel à descendre dans les rues pour dire non à la
prise d’otage. Malheureusement, les militaires empêchent les manifestants de se
réunir par des tirs à balles réelles et des chasses poursuites dans les rues de
Ouagadougou. Cette nuit de mercredi va être longue. Le sang va même couler.
Le lendemain jeudi 18 septembre 2015, le peuple
burkinabé, révolté, va être situé : il s'agit bien d'un Coup d'État.
L’annonce est faite à la télévision nationale par le médecin colonel Mamadou
Bamba, alors porte-parole des putschistes. Il annonce l'instauration du Conseil
national de la Démocratie (CND) et la dissolution du gouvernement ainsi que du
CNT.
Par la suite, quatre autres communiqués suivront, avec
un chapelet de mesures parmi lesquelles le choix du Général Gilbert Diendéré
comme président du CND. Le masque est tombé. Le peuple découvre enfin son
bourreau. C'est donc lui le putschiste : le général super homme. Cet homme
du silence a décidé de sortir du mutisme pour parler avec les armes.
Pour un militaire de son rang on est tenté de dire :
quelle absurdité ! Mais, au-delà de son caractère absurde, ce coup d'État
venait donner l'occasion au vaillant peuple burkinabé, en marche vers son
développement, de parachever sa révolution d'octobre 2014. C'est-à-dire,
obtenir la dissolution de ce régiment qui ne faisait plus ou pas la fierté du
pays de Thomas Sankara. C’était l’occasion ultime d’en découdre avec un
régiment dont les compétences tant clamées dans le pays et dans la sous-région
n'avaient d'égales que les bavures et les basses besognes qu’il exécutait en
arrière-plan du jeu politique au Burkina Faso et en Afrique de l'Ouest de façon
générale. Le RSP venait de s’engager dans une voie sans issue, ou plutôt avec
pour seule issue sa propre dissolution.
Un militaire tacticien de l’époque de l’analogie face une jeunesse révoltée
de la génération des réseaux sociaux
Le jeudi, sans attendre une quelconque condamnation ou
intervention de la communauté internationale, le peuple burkinabé, surtout sa frange
jeune, avec pour seule arme sa détermination, va engager le combat. Un combat
dans un rapport de force certes déséquilibré, mais justifié, au regard de cette
forfaiture indigne du pays des Hommes intègres.
Dans toutes les régions du pays, avec le concours des
technologies de l'information et de la communication (sites internet, SMS,
appel téléphonique, réseaux sociaux notamment Facebook) la mobilisation est
lancée. Le peuple n'a qu'un seul désire, que son armée loyaliste vienne à son
secours et désarme ces malheureux putschistes. Les premières heures de
résistance s’organisent dans les rues du centre-ville, à la place de la
révolution notamment. Mais les manifestants seront vite refoulés dans les zones
périphériques telles Tampouy, Gounghin, Pissy, Wayalghin et Kossodo. Le
décompte macabre commence dans le rang des manifestants sur presque tous les
fronts de la capitale. Malgré tout, la détermination du peuple est restée
intacte. Les manifestants luttaient de toutes leurs forces quand bien même leur
impuissance face à cette horde de criminels était un fait. Chaque image de
blessés ou de cadavres de manifestants postée sur les réseaux sociaux, au lieu
d’être une source de démotivation du peuple, ne faisait que grandir les rangs
des résistants. Des résistants qui, galvanisés par le slogan "la patrie ou
la mort nous vaincrons", étaient prêts à aller jusqu’au sacrifice ultime.
Avec les smartphones en main, la lutte devenait mieux
organisée. Les positions de l’ennemi étaient connues à la minute près. Cela a
permis d’éviter le massacre massif des manifestants. Egalement, chaque recul
des putschistes était mis à profit pour faire des barricades servant à les
ralentir. Des consignes d’attaque et de défense face aux militaires rebelles
étaient données et partagées sur Facebook. Il y a eu du succès avec cette
stratégie de communication. Des véhicules vont être abandonnés par les
putschistes, les pannes d’essence vont se faire remarquer. Les jeunes
militaires du RSP, de la génération Facebook voient circuler sur Facebook leurs
photos et vidéos dans des actions répréhensibles. Alors, ils décident de porter
des cagoules. Les cameramen, les journalistes et les manifestants se servant de
smartphones pour filmer ou photographier étaient devenus les cibles
prioritaires des assaillants. Le combat était toujours déséquilibré et en
défaveur des manifestants, mais la peur elle semblait s’équilibrer entre les
deux camps.
Le vendredi 19 septembre 2015, la répression barbare
des soldats putschistes du RSP va continuer à faire des victimes. Les blessés
jonchaient les couloirs de l'hôpital Yalgado. Des corps de manifestants
commençaient à être dénombrés à la morgue. Les radios ne fonctionnaient plus,
seuls l’internet et les réseaux mobiles demeuraient les principales sources
d’information des manifestants. Les voix des leaders de la manifestation
étaient toujours entendues sur le terrain, leurs post étaient relayés
automatiquement sur la toile. Cela donnait du courage aux résistants.
D’autres jeunes, assis chez eux participaient à la
lutte à travers les réseaux sociaux. Faire connaitre ce qui se passait dans les
rues de Ouagadougou était un autre chantier du combat. Il fallait rendre le
monde entier témoin des horreurs qui se passaient au Burkina Faso. Il y avait
des post d’encouragement des résistants des autres régions du pays mais aussi
les post de découragement des pro-putschistes. Le combat se menait donc sur
tous fronts de la communication via internet.
Une médiation sous-régionale mort-née qui tente de passer au forceps
Au regard du climat délétère qui caractérisait les
rues de Ouagadougou et les autres villes du pays, la CEDEAO a trouvé en cette
crise l'opportunité de redorer son blason et se procurer le respect du
peuple burkinabé en considérant ce
putsch comme l'expression d'une fracture sociale et politique énorme. Que nenni.
La société civile dans son ensemble a qualifié cette sortie de la CEDEAO, sous
l'égide du président sénégalais Macky Sall, de "honteuse" pour
l'Afrique. Les raisons étaient simples.
Pendant que l’Union africaine, restant attachée aux
valeurs et principes démocratiques, manifestait sa solidarité avec le peuple burkinabé, La CEDEAO, elle,
s’adonnait à un jeu diplomatique dangereux entamant sa crédibilité et son impartialité.
En effet, l’UA a vite fait de condamner fermement ce putsch dès ces premières
heures en la qualifiant au passage d'acte terroriste. Dans la même dynamique,
l'ONU et l'UE (notamment la France) vont condamner à leurs tours cette
forfaiture. Mais, le peuple burkinabé va attendre vainement l’expression
de la position de sa « communauté » jusqu’à l’annonce d’une
médiation pilotée par le président en exercice de la CEDEAO, le président sénégalais
Macky Sall.
Malheureusement, cette médiation de la CEDEAO,
dépourvue d'une position claire et ferme vis-à-vis du coup d'État de Gilbert
Diendéré et son RSP, va connaitre un échec dans sa forme comme dans son fond.
Dans sa forme parce que la médiation a omis de respecter
certaines mesures protocolaires vitales pour une médiation impartiale et
professionnelle. En effet, l'accueil que leur a accordé le Général putschiste
(honneur militaire, revue des troupes et hymnes nationaux) mettait les
médiateurs dans une position incommode pouvant tourner difficilement en faveur
de la démocratie. Ensuite, la communication a, elle aussi, été mal conduite,
offrant peu de place aux véritables acteurs de la transition dans les
discussions. La conséquence immédiate de tels manquements dans la forme va être
la proposition d’un projet de protocole d’accord caduque et insultant pour le
peuple burkinabé. Les ingrédients pour un échec dans le fond étaient donc
réunis.
Dans le fond, on peut dire que la médiation, annoncée
en grande pompe, va accoucher dans la suite 1 006 de Laïco Hôtel d'une petite
souris. Il s’agit là du pseudo-projet d'accord de sortie de crise, qui va créer
plus de divisions que de rapprochements des positions, proposé par
Macky Sall, Boni Yayi et le président de la commission de la CEDEAO, Kadré
Désiré Ouédraogo. Les lignes du projet d'accord proposent la reprise de la
transition, l’inclusion des pro-Compaoré exclus par le Conseil constitutionnel dans
les courses électorales présidentielle et législatives, et l’amnistie
pour les putschistes. Le Général putschiste se taillait ainsi la part du lion.
La CEDEAO a ensuite appelé les parties prenantes à
rester à l'écoute des conclusions du Haut conseil de la CEDEAO qui allait se
tenir le mardi 22 septembre 2014.
Un shérif pour diriger
la résistance
Face à l'échec annoncé de la médiation et sans
attendre les conclusions du Haut conseil de la CEDEAO, le peuple burkinabé, sous
les ordres du président du Conseil national de la Transition et président par
intérim du Faso, Cherif Sy, va activer un autre champ de bataille, celui de la
résistance dans les rues. Au regard de la situation de déséquilibre des forces
entre les populations mains nues et les militaires putschistes à Ouagadougou,
les populations des autres régions vont exiger avec grande pression que l'armée
prenne ses responsabilités.
Les organisations syndicales menaient la résistance
sur le chantier de la grève pour paralyser le pays. Elles vont maintenir leurs
mots de grève lancés au lendemain du putsch jusqu’à nouvelle
ordre. L'économie du pays est à genou. Plus rien ne fonctionne.
Plusieurs partis politiques appellent leurs militants
à la désobéissance civile et condamnent le putsch. Les ex partis de la majorité
vont rester dans un silence coupable et/ou faire des sorties déplacées et
laudatives du coup d’État.
Cherif Sy s'étant investi des prérogatives de chef
d'État, Chef suprême des armées, va appeler toutes les régions militaires à
monter sur Ouagadougou et à désarmer par tous les moyens le RSP, désormais
considéré comme une force rebelle.
Le lundi 21 septembre 2014, le Chef d'état-Major
Général des Armées, le Général Pingrenoma Zagré est mis devant ses
responsabilités. Il doit agir. Il appelle les chefs militaires à faire
mouvement sur Ouagadougou pour mettre fin à la souffrance du peuple. Les
garnisons de Bobo-Dioulasso,de Dédougou, de Kaya, de Ouahigouya et de Fada
N’gourma sont mobilisées pour venir désarmer le RSP. Toutes les populations sont
en liesse. L'engagement de l'armée "loyaliste" aux côtés de son
peuple sonnait comme les prémices d'une victoire assurée contre les
putschistes. Tous les bataillons vont gagner la ville de Ouagadougou dans la
soirée du lundi. Le premier ultimatum est lancé au RSP pour déposer les armes
avant 20 heures.
Le mardi 22 septembre 2014, la capitale est encerclée
par les soldats loyalistes. Le RSP maintient ses postes stratégiques que sont
la RTB, le conseil de l'entente, Kosyam et le camp Naaba Koom. Les deux parties
s'engagent dans une communication militaire que ne comprend nullement la
population, las d'attendre. « A quand l’assaut final ? » se
demandait- -on sur les réseaux sociaux. Les croyants redoublaient d’efforts
dans leurs prières pour éviter que le sang de Burkinabé ne soit versé par
d’autres Burkinabé. Ou au pire des cas, que les dégâts soient limités.
La fin du mythe
RSP : le coup d’état de l’autodestruction, une mission de trop !
Cette mobilisation des forces armées loyalistes,
doublée de la condamnation unanime et ferme de la communauté internationale
(excepté la CEDEAO alors), va entraîner des défections au sein du RSP. Un
deuxième ultimatum est donné aux putschistes pour déposer les armes, cette
fois-ci c’était pour 10h00.
Le général putschiste devant la pression ne capitule
pas. Il ne panique même pas. Il convoque une conférence de presse pendant
laquelle il joue la carte de la diplomatie miliaire. En effet, il dit s'en
remettre aux conclusions du sommet des chefs d'États de la CEDEAO à Abuja, au
Nigéria, sur la situation burkinabé. Aussi, atteste-t-il que des pourparlers
étaient en cours avec les hauts responsables de l’armée pour trouver une issue
heureuse à cette crise. Mais, il a affirmé par ailleurs que pour l’heure, lui
et ses hommes seraient prêts à se défendre si leurs positions étaient attaquées
par les forces loyalistes.
Le mardi soir, les conclusions de la CEDEAO sont enfin
connues. Les putschistes n'ont plus de soutien. La seule institution
internationale qui s'était désolidarisée des aspirations du peuple burkinabé
venait de rejoindre le camp de la démocratie en condamnant officiellement le
putsch. Mieux, elle va exiger (mieux vaut tard que jamais) la restauration de
la transition et remettre les autres décisions au peuple et aux autorités
burkinabé.
La CEDEAO n’a pas manqué de clamer la nécessité
d'empêcher une guerre civile avec le déploiement d'une force militaire
d'interposition de la CEDEAO. Mais une fois de plus, face au désaveu total du
peuple burkinabé relatif au projet d'occupation militaire de sa capitale par
une force sous-régionale, la CEDEAO va céder. Néanmoins, elle va chercher à
jouer sa carte de légitimation en choisissant cette fois-ci d'abandonner le
Général putschiste à son sort. C'est la fin annoncée du putsch.
Ainsi donc, sept jours ont suffi. Sept longues
journées faites de mort, de blessures, de sueur, de larmes et de peur. Sept
longues journées faites de courage, de détermination, de résistance, de
combativité et de diplomatie. Sept longues journées ont suffi pour arrêter
cette forfaiture du militaire le plus « fort » et le plus
« renseigné » de la sous-région ouest africaine.
Le mercredi 23 septembre 2014, tôt le matin, les
Burkinabé qui ont dormi la nuit se sont réveillés dans un climat marqué par le
processus de reddition du RSP. Tard dans la nuit du mardi, un accord fut signé
chez le Moogho Naaba, chef suprême des moosé, entre le RSP et les hauts gradés
de l'armée loyaliste. Egalement, cette journée du mercredi va marquer le retour
officiel de la transition avec une cérémonie officielle de "reprise"
du pouvoir par Michel Kafando. La CEDEAO est l’organisateur et l’invité
d’honneur de la cérémonie avec la présence des présidents du Niger, du Ghana et
du Bénin et du représentant du chef d'État Nigérian empêché.
Le même jour, le Général putschiste de son côté
regrettait déjà son acte et s’était dit prêt à se mettre à la disposition de la
justice burkinabé. Il disait assumer pleinement les responsabilités de ce
putsch qu'il avait pris le soin de condamner lui-même au passage.
Après sept jours de tension, l'accalmie régnait à
Ouagadougou. Le Burkina Faso, revêtu d'une transition moins lourde, débarrassé
de ses goulots d'étranglement militaro-politiques, s'acheminait, lentement mais
sûrement et dans la plus grande prudence, vers son renouveau démocratique.
Le peuple burkinabé a vu son calendrier électoral être
bouleversé. Mais, les partis politiques se sont mis en ordre de bataille pour
les trois consultations électorales à venir, présidentielle couplée avec les
législatives et municipales prévues pour plus tard.
Une issue heureuse
marquée par le scepticisme
Le vendredi 25 septembre 2015 un conseil de ministre
extraordinaire a décrété la dissolution du RSP et ordonné son désarmement. Cet
ordre gouvernemental était en pleine exécution quand les soldats du RSP
opposèrent subitement une résistance injustifiée le dimanche 27 septembre 2015.
Ils rompaient ainsi toutes les closes de l’accord de désarmement se déclarant « trahis »
par le gouvernement. Désormais, cette force rebelle se disait prête à mourir au
combat plutôt que de se laisser désarmer par la transition.
Le 28 septembre 2015, un autre conseil des ministres
extraordinaire s’est tenu pour se pencher sur la situation des forces rebelles
de l’ex-RSP. Toute idée de dialogue avec les putschistes
« récalcitrants » est abandonnée par le gouvernement de transition.
Une déclaration sortira de ce conseil de ministre pour accuser le général
putschiste de préparer une déstabilisation du pays avec l’appui du général
Djibril Bassolet, recalé dans la course aux présidentielles par la cour
constitutionnelle. Cette déstabilisation, semble-t-il, était préparée avec des
forces étrangères et des djihadistes. Un communiqué du chef d’état-major
général des armées appelle les populations « à être prêtes à appliquer les
consignes de sécurité » qui leurs seront données par les Forces armées
nationales (FAN). C’est le début des opérations militaires contre le camp Naaba
KoomII.
Le 29 septembre 2015, la population burkinabé et
particulièrement celle ouagalaise va vivre une longue journée. Celle de
« l’assaut final ». Appelée à rester chez eux, au réveil, les
résidents de la zone de Ouaga 2000 vont vivre la psychose de la longue attente.
A quand l’assaut ?
Sur les réseaux sociaux ça bouillonne. Les
informations fusent de partout : « Le conseil de l’entente », ex
position des rebelles, est entre les mains des FAN » ; « Les FAN
ont encerclé le camp Naba Koom » ; « Djibril Bassolet est arrêté
par la gendarmerie » ; « Le capitaine Dao s’est remis à la
gendarmerie » ; etc. Les rues étaient presque vides. Quelques
commerces fonctionnaient les quartiers loin de Ouaga 2000. Les populations
cloitrées chez elles suivaient les informations à la télévision ou sur le Net.
Autour de 16h45, une détonation forte se fait sentir
dans les environs de Ouaga 2000. C’est la débandade dans les quartiers situés
dans les encablures de Ouaga 2000. Que se passe-t-il ? se demandait-on.
Est-ce une riposte des forces rebelles ou une attaque des FAN. Sur les réseaux
sociaux la nouvelle se repend. C’est « l’assaut » des FAN sur le camp
Naaba Koom. Enfin !
Des tirs d’armes lourdes vont retentir encore et
encore. Sur les réseaux sociaux l’information est lancée, le général putschiste
est sorti de sa tanière à la recherche d’un lieu sûr pour ne pas
« mourir ». IL acordera dans la foulée des interviews téléphoniques à
des médias privés pour appeler ses soldats « indéfectibles » à
déposer les armes. Il trouvera refuge plus tard à la nonciature apostolique sis
à Ouaga 2000.
Peu après 18 heures, le camp Naaba Koom est libéré. Le
président Kafando y fait une visite pour rassurer la population du succès de
l’opération. Son interview à chaud va susciter joie et scepticisme. En effet,
comme bilan de l’assaut le président annonce la prise en main du camp Naaba
Koom II et cerise sur le gâteau, avec « zéro victime ». Trop beau
pour être vrai. Les Burkinabé restent, jusqu’à l’heure, partagés entre la joie
et le scepticisme. Les tirs étaient trop violentes pour se solder par
« zéro victime » se disaient certains. Mais l’information officielle
était que les roquettes lancées depuis le camp Sangoulé Lamizana sis à Gounghin
visaient à effrayer les rebelles et non à les abattre. Les tirs auraient donc
visé des espaces vides au sein du camp.
Dans l’attente d’une
justice forte, impartiale et professionnelle
Les Burkinabé n’avaient pas le temps de mener un débat
sur le bilan de l’assaut car le général était toujours à la nonciature. Tout le
monde attendait son arrestation. Le Jeudi, après de longues discussions entre
personnes ressources à la nonciature, le général Diendéré sera finalement mis
aux arrêts vers 14 heures. Cette arrestation marqua la fin véritable du putsch.
D’autres arrestations suivront pour mettre sous les verrous tous les potentiels
acteurs militaires et politiques du coup d’État manqué. Les Burkinabé attendent
maintenant que la justice fasse son travail et que toute la lumière soit faite
sur ces événements qui ont secoué le
pays en ce mois de septembre 2015.
Le samedi 3 octobre 2015, les populations des villes
abritant les garnisons d’où sont partis les soldats « loyalistes »
ont accueilli leurs « sauveurs » revenus de la noble mission de
libération du pays. Partout, l’arrivée des « boys » provoquait la
liesse générale sur les avenues. Ainsi, donc c’était fini pour le RSP.
Ces dernières heures de vie du RSP, ci-dessus étalées,
augurent, sans nul doute, la fin non seulement d’une des forces militaires
criminelles et mafieuses les plus nuisibles à la stabilité de l’Afrique de
l’Ouest, mais également d'une des organisations militaro-politiques les plus
néfastes à l’émergence d’une justice indépendante et vraie au Burkina Faso. Le
coup d’État aura donc été « salvateur » quelque part.
Vivement qu'il en soit ainsi!
Rodrigue Hilou
Courriel : rodhilou13@gmail.com