dimanche 11 mars 2018

L'ECOLE, OUTIL DE REPRODUCTION OU DE RÉDUCTION DES INÉGALITÉS SOCIALES ?

DÉMOCRATISONS LA SOCIOLOGIE (8)

L'école, outil de reproduction ou de réduction des inégalités sociales ?

Actualité oblige. L'enquête du journal "Le reporter" sur l'éventuelle politisation du système d'octroi de bourses est venu réveiller un vieux débat qui a été posé par les sociologues de l'éducation. Il s'agit du lien entre école et inégalités sociales. Là-dessus, deux courants s'affrontent : d'une part ceux pour qui l'école est un outil de reproduction des inégalités sociales et d'autre par ceux qui pensent plutôt que l'école est un outil de réduction des inégalités sociales. Examinons.




1-Les concepts

#Inégalité_sociale: Nous reprenons ici la définition la plus simple du concept d'inégalité sociale. Nous entendons donc par inégalité, du point de vue social toute différence dans l'accès à des ressources sociales rares et valorisées, ressources étant entendu au sens le plus large, incluant toutes les possibilités d'actions humaines : politique, économique, culturelle, sociale, sexuelle, etc.

#École : Une école est un établissement où l'on accueille des individus appelés « écoliers » ou élèves afin que des professeurs leur dispensent un enseignement de façon collective. En sociologie, l'école (avec grand E) est un concept large qui prend tous les cursus (primaire, secondaire et universitaire).

Après ces brèves clarifications, nous pouvons aborder notre problématique: L'école, outil de reproduction ou de réduction des inégalités sociales ?

2- L'école vu comme outil de reproduction des inégalités sociales

Depuis les années 1960, les sociologues de l'éducation ont démontré objectivement le lien entre école et inégalités sociales. C'est à cette époque que paru deux livres qui ont eu une longue postérité dans la dénonciation de l’école comme instance de reproduction des inégalités sociales : « Les héritiers » et « La reproduction. Éléments pour une théorie
du système d’enseignement » de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1964).

A cette époque, le constat de l’inégale représentation des classes sociales à mesure qu’on monte dans le cursus scolaire était était plus que visible. Les auteurs rappellent, dans les toutes premières lignes de cet ouvrage, « qu’on dit et redit qu’il n’y a que 6% de fils d’ouvriers dans l’enseignement supérieur ». Leur travail va consister à étoffer ce constat par le traitement de multiples statistiques mesurant l’inégalité des chances d’accès à l’université (selon le sexe, le statut socioprofessionnel et le niveau scolaire des parents, etc.), puis à mesurer le poids de ces différents facteurs dans le type d’études suivies, puisque même au sein de la population étudiante, déjà socialement
très ‘filtrée’, la présence dans les différentes sections (ouvrant sur des professions plus ou moins "nobles" ou lucratives) est encore fonction de l’origine sociale des étudiants.

En se basant sur ces deux ouvrages (pour l'essentiel sinon il y en a tant), les politiques éducatives vont prendre en compte cette problématique à travers des mesures visant à faire de l'école un instrument de réduction des inégalités sociales.

3-L'école comme outil de réduction des inégalités sociales

Bourses d'études, massification de l'enseignement, retrait du système de filtrage des filières, ... bien de mesures vont être prises par divers gouvernements pour réduire les inégalités sociales toujours reproduites par l'école. On va parler de "démocratisation de l'éducation" ou du concept de "l'école populaire".

Depuis lors l'école est semble-t-il devenue démocratique. Les enfants de paysans remplissent nos universités. Des bourses sont octroyées aux plus méritants des enfants de classes défavorisées. Des filières jadis réservées pour les enfants de classes favorisées vont être ouvertes à tous. Si on ne s'en tient qu'à la forme on voit bien que l'école de par ces mesures imbriquées est un instrument de réparation d'une société inégalitaire. Mieux avec des gros diplômes, certains enfants de paysans vont accéder au sommet. On parle donc de l'école comme facteur de mobilité sociale ascendante. Seulement, la lutte des classes n'est pas une lutte d'apparence. Elle se cache dans les détails.

4-Au-delà de l'école, les inégalités sociales sont plutôt enfouies dans nos réalités sociales

Malheureusement, les mesures censées réduire les inégalités sociales au niveau de l'école ne vont traiter le problème que dans l'apparence. Dans bien de pays, et c'est notre cas, ces mesures vont être récupérées par les classes aisées pour accroître leur domination dans la société à travers leurs enfants. Et comme l'élite politique est parfois confondue à l'élite économique sous nos cieux. Cette récupération est plus que facile car la gestion de l'appareil d'État est leur chasse gardée.

En bas de l'échelle également, il y a une acceptation de cette domination tant le plafond de verre est transparent. Les quelques ascension vers la classe d'en haut qui leur sont perceptibles par moment alimentent le rêve.

En clair les bourses et diplômes ne peuvent pas réduire durablement les inégalités sociales. C'est une fausse mission confiée à l'école. L'école reste à l'image de la société. Elle permet d'observer les injustices sociales liées à l'accès aux ressources de l'État, à l'accès au savoir de qualité et à l'accès aux emplois décents. Ce n'est donc pas à l'école de changer la société. C'est plutôt la société, une fois réparée qui pourra durablement changer l'école.

LA SOCIOLOGIE, UNE CLÉ POUR DÉCRYPTER NOTRE MONDE EN PERPÉTUELLE MUTATION

JOURNÉE DES DROITS DE LA FEMME : AU-DELÀ DU PAGNE ET DU DJANDJOBA

JOURNÉE DES DROITS DE LA FEMME : AU-DELÀ DU PAGNE ET DU DJANDJOBA J'AI DES QUESTIONS


Aux juristes, je demande l'état des lieux des textes juridiques en faveur de la femme burkinabè, leur degré d'adéquation aux réalités,  leur niveau de mise en oeuvre et les perspectives d'amélioration pour les rendre accessibles aux femmes (surtout rurales).

Aux sociologues, je demande l'état des lieux de l'évolution du statut social de la femme et de la jeune fille au Burkina Faso, des rapports conflictuels qui en émanent au quotidien et des perspectives d'une meilleure problématisation du sujet pour des solutions socialement durables. 

Aux communicateurs et journalistes, je demande l'état des lieux de l'accès de la femme burkinabè à l'espace public, de son droits à l'information et à la prise de parole mais aussi et surtout du traitement de l'image de la femme par les médias modernes et traditionnels. 

Aux économistes, je demande l'état des lieux du statut économique de la femme au Burkina Faso : l'accès aux financements, le renforcement de ses capacités financières et la diversification de ses sources de revenus.

Aux agents de santé, je demande l'état des lieux de la prise en charge sanitaire des femmes et des jeunes filles en situation de maladie au Burkina Faso et l'état des lieux de la lutte sectorielle contre les pathologies spécifiques aux femmes.

Aux gouvernants je demanderai de se référer aux réponses qui seront données aux questions ci-dessus formulées pour orienter ou réorienter leurs actions politiques.