Une famille d'agriculteurs en plein labour dans la région de la Boucle du Mouhoun |
L’Afrique a mal à son
développement. Hier, continent victime de l’histoire, spolié et marginalisé,
l’Afrique semble être de nos jours le continent perdu qui est en quête des
repères car victime de ses propres choix politiques et économiques. Dans le
débat international sur les modèles économiques et politiques, l’Afrique reste
consommatrice. Si on ne lui impose pas une vision du monde qui lui est
étrangère, c’est que de façon volontaire elle choisit elle-même de
copier-coller chez les autres leurs visions du monde qui leurs sont propres.
Pour mieux comprendre la
situation réelle dans laquelle se trouve l’Afrique, il faut une analyse
profonde des questions de développement au plan international. Le jeu se
présente de telle sorte qu’il y a ceux qui font et défont les règles d’une part
et d’autre part ceux qui les subissent. L’Afrique semble être du deuxième lot.
Il est temps de fuir l'illusion...
D'abord tout est dans les
concepts utilisés au plan mondial pour catégoriser les pays. Pays développés,
pays émergents, pays en voie de développement, ... Des concepts qui ont fini
par s’imposer dans les discours politique, économique et social partout dans le
monde. Des concepts qui pourtant renferment le monde dans une logique de
linéarité du développement. Une thèse qui peut être difficilement admise dans
le contexte du siècle en cours. Unanimement, les Hommes semblent accepter que
la question du développement relève des domaines les plus complexes. Ainsi,
chaque groupe social se doit, dans une logique dualiste à la fois corpusculaire
et holistique, de penser son développement et ce, en fonction des facteurs
réels et non illusoires qui l’entourent.
Le constat est que toutes les
sociétés se trouvent à la croisée de nouvelles manières de penser et d’agir des
acteurs sociaux qui relèvent le plus souvent du pathologique. En effet, dans
une logique linéaire, le développement dans la société wagon (émergente ou en
voie de développement) est affecté et infecté par des logiques et politiques
exogènes émanant de la société locomotive (dite développée) dont
l’internalisation se heurte à des logiques sociales préétablies savamment par
des générations antérieures. Mais ces logiques sociales qui sont des barrières
de protection socioculturelles vont rompre dans le rapport de force. Une logique
de domination froide se met en place faisant des sociétés wagon des réceptacles
muets.
...Passer à l'action
Il faut donc réinventer les
paradigmes du développement par l’Afrique et pour l’Afrique. Le développement
est certes le produit de chocs culturel et économique entre deux ou plusieurs
sociétés, mais c’est aussi et avant tout le produit des efforts endogènes
tendant à apporter réponse aux problèmes réels vécus au quotidien. Les théories
sont une nourriture pour le cerveau, donc pour la réflexion, mais seules les
actions développent un pays. Pour l’Afrique il y a urgence d’agir.
En effet, les performances en
matière de développement se jureront non pas au nombre des programmes et
projets élaborés pour lutter contre la pauvreté ou à la quantité des montants
alloués à ces programmes et projets de développement. Elles se jugeront plutôt
à leur capacité à créer des conditions de valorisations des potentialités
existantes ou à créer de nouvelles opportunités pour les acteurs sociaux (la
jeunesse surtout) sans complaisance aucune. Cela ne peut guère être le fruit du
hasard mais réside dans le type d’approche et dans les stratégies à déployer —
qui doivent être en lien avec les aspirations de la base — au cours des
interventions qui promeuvent le développement. car on ne développe pas on se
développe dixit J. Ki-Zerbo.
Le constat actuel est que les
pouvoirs publics, les projets et programmes, et autres structures d’appui au
développement, pensent agir sur des éléments sociaux dont ils maîtrisent tous
les contours en se basant sur des paradigmes sortis des laboratoires de
sciences po, économiques et sociales de grandes écoles, surtout occidentales.
Ce qui est loin d’être vrai. Même si force est de reconnaître qu’ils
constituent des connaissances empiriques pouvant appuyer les actions sur le
terrain.
...Se mettre en marche pour un vrai développement
Partant de constat, il y a
nécessité que les nouvelles interventions à venir se mettent, de façon urgente,
dans la logique de l’accompagnement d’initiatives locales — aussi banales
soient-elles aux yeux des partenaires techniques et financiers — car c’est là
que réside le développement, le vrai.
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