lundi 5 octobre 2015

REPENSER LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE: ENTRE URGENCE ET ACTIONS

Une famille d'agriculteurs en plein labour dans la région de la Boucle du Mouhoun
L’Afrique a mal à son développement. Hier, continent victime de l’histoire, spolié et marginalisé, l’Afrique semble être de nos jours le continent perdu qui est en quête des repères car victime de ses propres choix politiques et économiques. Dans le débat international sur les modèles économiques et politiques, l’Afrique reste consommatrice. Si on ne lui impose pas une vision du monde qui lui est étrangère, c’est que de façon volontaire elle choisit elle-même de copier-coller chez les autres leurs visions du monde qui leurs sont propres.

Une réalité vraie, qui est la principale source de notre blocage sur le chantier du développement. A quand le réveil pour ouvrir la bonne porte de l'histoire ?
Pour mieux comprendre la situation réelle dans laquelle se trouve l’Afrique, il faut une analyse profonde des questions de développement au plan international. Le jeu se présente de telle sorte qu’il y a ceux qui font et défont les règles d’une part et d’autre part ceux qui les subissent. L’Afrique semble être du deuxième lot. 

Il est temps de fuir l'illusion...


D'abord tout est dans les concepts utilisés au plan mondial pour catégoriser les pays. Pays développés, pays émergents, pays en voie de développement, ... Des concepts qui ont fini par s’imposer dans les discours politique, économique et social partout dans le monde. Des concepts qui pourtant renferment le monde dans une logique de linéarité du développement. Une thèse qui peut être difficilement admise dans le contexte du siècle en cours. Unanimement, les Hommes semblent accepter que la question du développement relève des domaines les plus complexes. Ainsi, chaque groupe social se doit, dans une logique dualiste à la fois corpusculaire et holistique, de penser son développement et ce, en fonction des facteurs réels et non illusoires qui l’entourent.

Le constat est que toutes les sociétés se trouvent à la croisée de nouvelles manières de penser et d’agir des acteurs sociaux qui relèvent le plus souvent du pathologique. En effet, dans une logique linéaire, le développement dans la société wagon (émergente ou en voie de développement) est affecté et infecté par des logiques et politiques exogènes émanant de la société locomotive (dite développée) dont l’internalisation se heurte à des logiques sociales préétablies savamment par des générations antérieures. Mais ces logiques sociales qui sont des barrières de protection socioculturelles vont rompre dans le rapport de force. Une logique de domination froide se met en place faisant des sociétés wagon des réceptacles muets.

...Passer à l'action


Il faut donc réinventer les paradigmes du développement par l’Afrique et pour l’Afrique. Le développement est certes le produit de chocs culturel et économique entre deux ou plusieurs sociétés, mais c’est aussi et avant tout le produit des efforts endogènes tendant à apporter réponse aux problèmes réels vécus au quotidien. Les théories sont une nourriture pour le cerveau, donc pour la réflexion, mais seules les actions développent un pays. Pour l’Afrique il y a urgence d’agir.

En effet, les performances en matière de développement se jureront non pas au nombre des programmes et projets élaborés pour lutter contre la pauvreté ou à la quantité des montants alloués à ces programmes et projets de développement. Elles se jugeront plutôt à leur capacité à créer des conditions de valorisations des potentialités existantes ou à créer de nouvelles opportunités pour les acteurs sociaux (la jeunesse surtout) sans complaisance aucune. Cela ne peut guère être le fruit du hasard mais réside dans le type d’approche et dans les stratégies à déployer — qui doivent être en lien avec les aspirations de la base — au cours des interventions qui promeuvent le développement. car on ne développe pas on se développe dixit J. Ki-Zerbo.

Le constat actuel est que les pouvoirs publics, les projets et programmes, et autres structures d’appui au développement, pensent agir sur des éléments sociaux dont ils maîtrisent tous les contours en se basant sur des paradigmes sortis des laboratoires de sciences po, économiques et sociales de grandes écoles, surtout occidentales. Ce qui est loin d’être vrai. Même si force est de reconnaître qu’ils constituent des connaissances empiriques pouvant appuyer les actions sur le terrain.

...Se mettre en marche pour un vrai développement


Partant de constat, il y a nécessité que les nouvelles interventions à venir se mettent, de façon urgente, dans la logique de l’accompagnement d’initiatives locales — aussi banales soient-elles aux yeux des partenaires techniques et financiers — car c’est là que réside le développement, le vrai.


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